De: LISAN Benjamin [benjamin.lisan@free.fr]
Envoyé: mardi 28 septembre 2004 11:56
À: "Peter A. Schäfer"
Objet: RE: Terra in Madagascar

Cher Peter,

Merci pour ces informations.

Je suis né à Madagascar.
Et déjà très petit dans les années 50, j'y avais vu
les feux de forêt.
D'après ce que j'ai pu lire, au niveau recherche
paléontologique à Madagascar, Madagascar aurait
été couverte de forêts, avant l'arrivée des hommes
sur l'île vers 700 après JC.

La mauvaise situation économique du pays,
la pauvreté et le faible niveau de technologie agricole aggravés
par l'augmentation rapide de sa population sont les principales
causes de la dégradation des ressources
naturelles, de la déforestation, des feux de végétation,
de l'érosion (+) et de la chute de la fertilité des sols.

La forêt tropicale humide malgache brûle, tous les ans et disparaît.
A Madagascar, ce sont les habitants de la forêt eux-mêmes qui allument
ces incendies immenses pour cultiver de nouveaux champs de riz.
Les riziculteurs, à cause de la pauvreté, bien que conscients
des effets néfastes d'un environnement en constante dégradation, 
semblent être dans l'incapacité de contribuer à éviter les
problèmes de sédimentation.

Il est certain que la disparition du couvert végétal,
en particulier des arbres, contribue à l'érosion
et à l'apparition de latérites (sol très appauvri).
D'ailleurs certaines rivière du côté de la côte est
(Tamatave ...) sont continuellement rougies
par les alluvions latéritiques.
C'est un pays où l'érosion reste actuellement très intense.

(Note: j'ai vu aussi des latérites dans l'Atlas (et haut-Atlas) Marocain, donc le problème semble se poser là aussi).

Je pense qu'il faut comme vous des mesures "antiérosion"
(pour sauvegarder les sols).

Et je suis d'accord avec vous que sur le terrain, tout programme
doit faire largement appel à la participation et à la responsabilisation
des acteurs locaux dans la gestion de
l'environnement et des ressources naturelles,
pour que les mesures anti-érosion aient des chances de réussir.
(et d'un petit coup de pouce au départ).

Quelles mesures anti-érosion (simples) verriez-vous dans l'immédiat ?

Laquelle priviliègeriez-vous ?
En vous remerciant de votre intérêt sur ce sujet et de vos idées.

Sincèrement

Benjamin LISAN

PS. Pour info: Je viens de découvrir encore une autre idée, nommée le "semis direct"
pour lutter contre la déforestation de Madagascar, sur le site suivant:
http://membres.lycos.fr/deforestmada/le%20semis%20direct.htm
une idée qui me paraît assez intéressante.
Extraits <<Le semis direct consiste à ne pas labourer sa terre, à semer une plante couvre-sol qui va fixer l'azote de l'air, stabiliser le sol, garder l'humidité des pluies et protéger le sol des rayonnements durs du soleil vertical (Pas de formation de latérite).Les mauvaises herbes ne poussent pas sur le sol recouvert d'un vrai tapis dense. On tue ensuite ce couvert végétal (pesticide) et on sème le riz sur cette couche de paille humide. Le riz va germer et s'élever au-dessus de cette pellicule protectrice qui va céder au sol pauvre ses substances minérales et organiques en pourrissant.

Le semis direct existe depuis 20 ans au Brésil, il est désormais exploité à grande échelle dans les terres du centre, d'une façon quasi-industrielle. Les rendements sont excellents, durables, et avec plutôt moins d'investissements par rapport à une culture classique (pas de labourage).>>

Sinon, je pense que même sans l'érosion, si l'on n'apporte pas
pas aussi des sources de nitrates et de sels minéraux extérieurs, à ces sols pauvres,
(souvent facilement lessivables), on apauvrit d'une autre manière les sols
(donc il me semble qu'il faudrait aussi se préoccuper de ces 2 axes).

(+) les causes identifiées de déforestation et d'érosion :
- la culture itinérante sur brûlis forestier ;
- les feux de renouvellement de pâturage non contrôlés ;
- les feux de brousse ;
- l'exploitation illicite de bois (charbon de bois, bois d'oeuvre de type palissandre....)
- le prélèvement de bois de chauffe.

<<On constate qu'à Madagascar, l'érosion du sol est surtout anthropogène. La conséquence en est une grande
savanisation de la surface de l'Ile.
Cette érosion se présente sous deux formes :
· Les Lavaka qui affectent les versants des hautes terres malgaches, intéressant la couche arable et les
couches plus profondes du sol, allant jusqu'à la roche mère.
La forme du lavaka est en U quand le sol est meuble, et elle est en V sur un sol plus résistant.
· Les Sakasaka illustrent de façon remarquable la fragilité des sols et leur danger d'affouillement. Ils
seraient la conséquence directe du surpâturage et de la déforestation sur les surfaces planes ou peu
ondulées, et atteignent parfois 1 km de long.
Les conséquences de l'érosion peuvent être une baisse de fertilité des sols fragiles et la dénudation des sols
au niveau des bassins versants.>>
Source :
http://www.biodiv.org/doc/world/mg/mg-nr-01-fr.pdf

-----Message d'origine-----
De : "Peter A. Schäfer" [
mailto:pasch@isem.univ-montp2.fr]
Envoyé : lundi 27 septembre 2004 09:26
À : benjamin.lisan@free.fr
Objet : MPU: Terra in Madagascar

Bonjour,

avant même le début de la colonisation des missionaires ont commencé
d'essayer le compostage sous les tropiques...autrement dit on l'essaie
depuis 100-150 ans avec les résultats que vous pouvez constater. Seulement
quand l'eau existe en abondance et qu'il est possible de mettre beaucoup de
compost sur une petite surface obtient-on de bon résultats.
Par contre l'utilisation du fumier, quand il y en a de disponible, donne
des résultats bien visibles et ainsi les paysans/maraichers l'adoptent
facilement.
Le feu (brulis) doit également jouer un role de pesticide: détruire
mauvaises herbes, parasites, prédateurs, même éloigner la faune (vertébrés)
sauvage.
Et il faut insister surtout sur les mesures "antiérosion" pour sauvegarder
les sols: cela est assez difficile quand il n'y a pas de propriété du sol
ni de structure sociale permettant des traveaux à l'échelle du village.

Cordialement

Peter A. Schäfer


A 18:45 26/09/2004 +0200, vous avez écrit :
>Dear Sir,
>
>Do you think that we can product "Terra Preta" soils, in  Madagascar
>with these following solutions :
>
>1) Scrap organic (returned) _ fade waste of palm trees, waste of manioc,
>organic straw-loft, waste of the housekeeping
>2) Straw-loft ("Paillage") and stamping,
>3) Incomplete frequent combustion of fields of millet, sorghum, corn ...
>4) By system " of circle of ash ", obtained by pruning branch, their pile
>and combustion, on cultivated plots of land,
>  (Note: branches or trunks taken moderately in the forests). The resulting
>charcoals is put in these cultivate fields.
>5) Use of excrements and animal wastes _ human, hens, pigs wastes ...
>6) Use of residues of the fires of camps, charcoals...
>7) Even use of volcanic ashes, pouzzolanes, volcanic pumice-stone...  ?
>
>Do you think that "Terra Preta" can be the solution,
>to avoid clearing, déforestation, culture on "bruli" (on burn forest)... in
>Madagascar ?
>
>How would you see an easy "Terra Preta" product in Madagascar
>(easy to learn to malgache farmer ?
>
>Thank you very much for your councils.
>
>Benjamin LISAN
>President of TRANSHIMALAYAN humanitarian Association
>16 rue de la Fontaine du But
>75018 PARIS, FRANCE
>Tel.  : +(33)(1).42.62.49.65
>GSM   : +(33)(6).16.55.09.84
>email : benjamin.lisan@free.fr
>site  :
http://transhimalayenne.free.fr/Projet_Huma.htm
>

Peter A. Schäfer
Conservateur des herbiers (MPU)
Institut de Botanique - Université Montpellier 2
163, rue A. Broussonet, F - 34090 MONTPELLIER
tél. (33) 4 99 23 21 82, pasch@isem.univ-montp2.fr
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