La prolifération des sachets plastiques à Mopti, au Mali, pose un véritable problème de salubrité et d'assainissement. C'est dans ce contexte que le Trust Aga Khan pour la Culture (AKTC) s'est inspiré d'une expérience qui a fait école au Niger et a collaboré avec l'ONG RESEDA afin de former des apprentis artisans à la technique de transformation des déchets plastiques en pavés urbains.
L'expérience qui a débuté il y a un an est concluante. Elle a transformé la vie quotidienne des habitants de Mopti, située à l'est de Bamako, sur les bords du fleuve Niger.
Mopti, sa mosquée, son port, ses sacs plastiques. Sur les plages du Niger, la vision est dantesque. Des milliers de sacs jonchent le sol. Pourtant, celle qu'on surnomme la Venise du Mali, a décidé de faire le ménage. L'idée est venue du Niger et fait des émules partout en Afrique : récupérer les maudits déchets de la civilisation moderne, les recycler et en faire des pavés urbains aux formes traditionnelles. C'est dans la banlieue de Mopti, à Sévaré, qu'a été créée la première usine de fabrication de pavés en plastique au Mali. Elle emploie une dizaine d'ouvriers, la plupart formés au Niger.
La technique est simple, peu coûteuse et efficace. Le port du masque est obligatoire : il permet de se protéger des émanations toxiques. "On fait fondre ces déchets plastique dans la casserole", explique Mamadou Cissé, le responsable de l'usine de recyclage. "Ces déchets plastiques servent de pâte pour produire les pavés. On utilise aussi ces mêmes déchets plastiques pour le combustible. En gros, si on prend 20 kilos de plastique pour mettre dans la casserole, on récupère 5 kilos de plastique pour le combustible".
Le mélange de ces déchets plastique avec du sable, permet l’obtention d’une sorte de goudron qui sera versé encore chaud dans un moule spécial. Après quelques minutes de refroidissement le pavé est prêt. Des pavés, il y en a de toutes les formes et de toutes les tailles. Il suffit de faire son choix à la boutique mitoyenne de l'usine. On en trouve des triangulaires, certains sont en forme d'étoiles, d'autres plus classiques sont des carrés ou des rectangles…
Chaque jour, des dizaines de femmes et d'enfants reviennent de la décharge pour revendre leur butin, payé 50 francs CFA le kilo, soient 7 centimes d'euros. Un projet à vocation sociale et écologique soutenu par la fondation Aga Khan, impliquée dans la rénovation et l'assainissement général du vieux centre de Mopti.
"La fondation distribue des poubelles aux familles du quartier de Komoguel pour faire le tri sélectif des ordures, s'enorgueillit Dalla Gadjigo, chargé du développement socio-économique Trust Aga Khan Mali. Les habitants du quartier mettent les déchets plastiques dans une poubelle à part que notre agence Aga Khan vient récupérer moyennant une petite rémunération pour en faire des pavés. Le déchets durs restant sont emmenés à la décharge".
Un an après le début de l'opération et des travaux, le vieux Mopti s'est transformé et les habitants s'en félicitent. Le tourisme revient, les affaires tournent mieux. La propreté aide beaucoup. "On aime beaucoup les pavés car on en a vraiment besoin", se félicite Mamadou Thiam, bijoutier du vieux centre de Mopti. "Avant quand il pleuvait on ne pouvait même pas marcher", se souvient-il. "Depuis qu'on a le pavé, ça nous aide beaucoup. C'est vraiment très bien, c'est un progrès!"
L'année prochaine, l'expérience de Mopti doit être généralisée aux autres villes maliennes. Afin de faire disparaître un des pires fléaux écologiques de toute l'Afrique.